jeudi 19 juillet 2012

Sortie et Ancrage Hors du Plan Mental - Michael Brown


SORTIE ET ANCRAGE HORS DU PLAN MENTAL

Par Michael Brown

Alors que mon vol arrivait sur l'aéroport de Sacramento, j'ai reçu un profond enseignement qui m'a beaucoup encouragé ainsi que ceux avec qui je l'ai partagé, à aborder, comprendre et bénéficier immédiatement du travail proposé par le Processus de la Présence, même si certains n'ont pas encore eu accès à ce livre et au procédé qu'il contient. Quant à ceux qui sont déjà aguerris dans la traversée des divers états conséquents au nettoyage émotionnel, cet enseignement les aidera à concrétiser leur approche du cœur et à approfondir plus avant leur expérience de la conscience du moment présent.

Alors que le Processus de la Présence nous aide à devenir de plus en plus sensibles à la véritable condition de notre corps émotionnel et nous permet ensuite de traiter cette prise de conscience inconfortable lorsqu'elle commence à remonter à la surface par l'entremise de nos expériences, l'enseignement particulier dont il s'agit ici nous invite à aborder la condition non-intégrée de notre cœur directement dans notre vie quotidienne. En d'autres termes, nous n'avons pas à attendre pour constater ce qui se passe ; nous l'expérimentons instantanément et les résultats sont tout autant immédiats, même s'ils ne sont peut-être pas ce à quoi nous pourrions nous attendre. Si dans le temps, vous relisez cet écrit, la phrase précédente résonnera en vous plus profondément.

La métaphore que nous utiliserons pour nous amener directement au cœur du sujet est une comparaison entre notre approche mentale en vue de résoudre un problème et l'expérience vécue en étant passager à bord d'un avion en plein vol. Pour imager cela, nous appellerons l'avion : "le plan mental" (ou 'le mental'). Cet enseignement révèle : l'impuissance qui est la nôtre lorsque nous adoptons une approche de l'existence de façon exclusivement mentale ; ce qui nous est demandé pour sortir consciemment du plan mental où nous nous trouvons ; et les conséquences lorsque nous atterrissons finalement sur la piste de notre réalité terrestre.

Au cours de notre expérience humaine, le plan mental nous est utile pour effectuer les calculs nécessaires à notre navigation et s'avère une bénédiction lorsque nous travaillons avec lui en accord avec la fonction qui est la sienne. Il nous est utile pour nous diriger dans ce que nous cherchons à expérimenter et pour pouvoir déplacer notre attention à une vitesse considérable d'un point à un autre. Cependant, beaucoup d'entre nous se sentent coincés et mal à l'aise au sein de l'expérience que nous appelons "notre vie" sans en comprendre encore la raison. Nous montons alors par erreur à bord du plan mental à la recherche de la libération, estimant ainsi qu'il pourra, d'une manière ou d'une autre, résoudre notre dilemme. Par conséquent, nous vivons actuellement presque exclusivement sur ce plan en nous appuyant sur lui de façon addictive afin de dépasser notre inconfort, espérant de cette façon qu'il rétablira l'équilibre et la paix que nous recherchons. Beaucoup d'entre nous ne réalisent même pas que notre confusion, notre frustration et notre désespérance croissantes surgissent directement de cette dépendance erronée.

En partageant ce simple enseignement métaphorique, l'objectif de cet écrit est de révéler une méthode qui nous permette de sortir du plan mental et de nous ancrer afin de mieux nous engager dans notre vie. À l'heure actuelle, toute personne sensible n'a nul besoin qu'on lui explique que du fait des courants émotionnels turbulents qui touchent la planète Terre, si nous ne nous ancrons pas consciemment, nous devons nous préparer à un atterrissage forcé. La vie actuelle sur terre n'est qu'une démonstration permanente de crashs successifs.

Cet écrit porte sur le choix qui est nôtre de nous lever de notre siège dans la cabine du plan mental - peu importe notre perception de voyager en 1ère ou seconde classe - et de nous frayer délibérément un chemin vers le poste de pilotage pour prendre consciemment les commandes et concrétiser l'expérience que nous traversons. Nous sommes actuellement sur Terre dans une situation d'urgence et nous sommes invités à "sortir et regarder". La tour de contrôle du Portail de la Présence s'adresse à vous :

"Mesdames et Messieurs, nous approchons maintenant de la piste de la réalité, veuillez vous préparer pour l'atterrissage. Nous ne pouvons plus continuer à tourner indéfiniment dans le circuit d'attente ni chercher à éviter la piste. Nous devons maintenant atterrir ou nous risquons d'être à court de carburant et de perdre totalement le contrôle de notre expérience actuelle. Écoutez attentivement les consignes suivantes et vous serez guidés intérieurement en toute sécurité. Nous vous remercions d'avoir pris ce vol sur le plan mental avec notre Compagnie, nous vous remercions pour votre réflexion, votre compréhension, vos calculs et vos analyses, mais vous devez à présent prendre le manche et ancrer votre expérience au cœur de la matière."

L'ENSEIGNEMENT : Alors que l'avion dans lequel je me trouvais commençait sa descente vers l'aéroport de Sacramento, le soleil se trouvait à un angle parfait et pendant que je regardais le sol par le hublot je pouvais observer l'ombre de l'avion qui se déplaçait très haut au-dessus du sol parfaitement synchronisée avec nous. Au début l'ombre était presque indiscernable, ce n'était juste qu'un point dans le lointain mais pendant que nous amorcions notre descente vers la piste, l'ombre s'est rapprochée, s'agrandissant et devenant plus distincte. Au moment où l'ombre a complètement disparue sous l'avion, nous avons ressenti l'impact des roues touchant le sol. C'est en faisant cette expérience que j'ai reçu cet enseignement.

La nature de notre expérience actuelle sur Terre est que nous possédons tous "une ombre". Cette ombre est l'ensemble des expériences non-intégrées que nous n'avons pas encore consciemment assimilées ; elle est l'arrière-goût amer de notre passé non-résolu. Du fait que ces expériences n'ont pas été intégrées, elle sont source d'un inconfort intérieur permanent que nous percevons en grande partie aujourd'hui sous forme de troubles symptomatiques ainsi qu'un manque de paix intérieure - et par conséquence, extérieure.

Cette ombre représente tous nos sentiments de peur, de colère et de douleur expérimentés dans notre vie quotidienne qui refont surface de façon imprévisible. Plutôt que de nous confronter consciemment à cet inconfort intérieur, nous le fuyons par des comportements réactifs destinés à endormir et contrôler notre expérience. Que nous le réalisions ou pas, nous repoussons sans cesse notre ombre loin de nous, que cela soit conscient, inconscient, par habitude ou par instinct. Plus nous la repoussons, plus nous perdons notre ancrage.

Ce que nous ne réalisons également peut-être pas, c'est qu'en repoussant ainsi cette ombre loin de nous, nous nous élevons simultanément de plus en plus haut sur le plan mental - tout comme un avion s'éloignant de son ombre. Le fait de croire que nous pouvons résoudre notre état inconfortable actuel par la pensée, la compréhension, l'analyse, la philosophie, le calcul, la conceptualisation, les discours, la lecture, la discipline spirituelle routinière, les pratiques religieuses, les exercices physiques répétitifs, les produits pharmaceutiques, la technologie ou des discussions incessantes, n'apparaît plausible et faisable que parce que nous dérivons dans les hauteurs sur le plan mental ; et plus nous essayons d'agir ainsi, plus nous nous élevons systématiquement encore plus loin sur ce plan.

Sur un plan 'spirituel', de nombreuses personnes appellent l'ascension mentale -- qui permet d'échapper à l'inconfort intérieur -- "Le Processus de l'Ascension". En tant qu'espèce, nous sommes maintenant dans une telle situation de désillusion qu'à moins de faire une expérience authentique nous permettant de nous ancrer dans la réalité "de ce monde", nous n'avons strictement aucune idée de notre dérive constante dans le labyrinthe du plan mental. Nous sommes littéralement devenus une 'espèce mentale'.

Ce n'est que lorsque nous faisons une expérience vraiment concrète que nous réalisons qu'une grande part que ce que nous appelons "notre spiritualité" n'est en fait que "notre mentalité" ; notre mentalité spirituelle. Lorsque nous nous trouvons dans le dédale du mental, tout nous semble "tellement incroyable" que nous embrassons intérieurement l'expérience comme étant "Divine". C'est pourquoi nous nous laissons influencer par la notion insensée : "la pensée crée". Et, du fait que chacun se comporte de cette manière, tout comme les poissons n'ont aucune idée qu'ils se trouvent dans l'eau jusqu'à tant qu'on les en retire, nous n'avons aucune conscience d'être à la dérive dans ce labyrinthe jusqu'à ce que nous fassions l'expérience concrète d'en sortir.

"Ici le centre de contrôle à Major Tom ..." David Bowie.

Reprenons la métaphore de l'avion en plein vol où nous nous trouvons ; cela va nous aider à commencer à réaliser la futilité de continuer à fonctionner quasi-exclusivement sur le plan mental :

Lorsque nous sommes dans cet avion en vol, nous sommes vivants mais sans pouvoir nous engager ou créer un impact réel ou significatif sur notre expérience de vie.  Nous en sommes en fait presque totalement déconnectés. A partir du moment où nous embarquons dans l'avion et où nous décollons, nous ne sommes plus autorisés à utiliser nos téléphones mobiles ; plus aucune communication n'est possible, dans les deux sens. Même notre environnement physique se trouve limité ; nous sommes la plupart du temps confinés dans des sièges tous identiques, placés à côté de personnes que nous n'avons pas choisies délibérément, obligés de manger la quantité et qualité de nourriture qui nous est servie, d'écouter des instructions répétitives sur la façon dont nous devons nous comporter dans le cas d'un accident, et lorsque des animations nous sont proposées, il nous faut les sélectionner à partir d'une liste d'options prédéfinies. En ce qui concerne la possibilité de nous déplacer physiquement, nous pouvons monter et descendre l'allée toutefois si nous ne sommes pas bloqués par les chariots des hôtesses et utiliser des toilettes minuscules s'il n'y a pas une longue file d'attente.

De par sa nature-même, l'expérience d'un vol en avion est confinée, réglementée et inconfortable. Une fois que nous avons embarqué, nous sommes littéralement prisonniers de ces limitations jusqu'à notre débarquement. Pendant le vol, nous sommes libres de réfléchir à tout ce que voulons mais sans pouvoir agir. Nous ne pouvons rien entreprendre dans cet environnement. Symboliquement, notre situation est similaire quand nous entrons ou fuyons dans le mental pour essayer d'influer sur notre expérience actuelle. Le fait demeure : quels que soient les bagages que nous enregistrons lorsque nous embarquons sur l'avion (plan mental), nous les retrouvons toujours lorsque nous débarquons.

Beaucoup d'entre nous sont frustrés car nos tentatives pour résoudre nos défis actuels ne semblent pas porter les fruits recherchés. Pourtant, lorsque nous examinons attentivement la façon dont nous abordons les épreuves dans notre vie, nous réalisons que nous essayons de trouver une résolution d'une façon quasi-mécanique, méthodique et machinale qui nous a été transmise à travers les empreintes, l'exemple et l'éducation : Nous nous engageons immédiatement dans nos défis, par la pensée, le raisonnement, l'analyse, la compréhension et le calcul. Ensuite, en conséquence de ce processus et de ce qu'il semble nous indiquer comme "voie logique à suivre", nous entrons dans des comportements que nous pensons capables d'avoir un impact adéquat sur nos circonstances. Nous présumons inconsciemment et systématiquement que "si nous comprenons pourquoi notre vie est dans l'état actuel", et que "si nous pouvons construire une stratégie pour résoudre les choses à partir de notre compréhension", nous pourrons certainement effectuer des changements réels et durables, que "si nous arrivons à découvrir de quoi il s'agit, nous pourrons tout arranger".

Cette approche qui est d'interagir avec notre expérience est si automatique et systématique qu'en grande partie nous ne sommes même pas conscients de "notre mode opératoire normalisé". Chaque fois que nous sommes confrontés à un défi, nous poussons machinalement sur le manche et décollons sur le plan mental.

Nous sommes-nous jamais arrêté un instant pour nous demander s'il existe une autre façon d'interagir avec notre expérience de vie ?

Pourtant et malgré notre conviction la plus sincère, chaque fois que nous posons des actes fondés sur ce que nous "pensons", nous devons inévitablement faire face au fait que rien de réel ou de durable ne s'accomplit ; que notre processus mental ne nous mène que rarement vers une action concrète ayant un impact perceptible sur la qualité de notre vie. Peu importe les calculs que nous faisons mentalement avant d'agir, peu importe combien notre approche peut paraître logique, le temps qui passe démontre inéluctablement que nous continuons à nous sentir de la même façon – et souvent encore pire - qu'au moment où nous nous étions engagés dans une action conduite par notre mental pour faire face aux situations sur lesquelles nous voulions influer.

Ce processus de passage du mental-au-physique, frustrant et linéaire, révèle constamment combien nos actions sur le plan physique sont inefficaces lorsqu'elles sont projetées depuis le plan mental, et combien notre capacité à avoir un impact réel et durable sur le déroulement de la qualité de notre expérience vie est limitée. La façon dont notre vie actuelle se déroule ne nous ment pas et les faits parlent d'eux-mêmes, toujours ; peu importe combien nos processus mentaux nous assurent du contraire, peu importe ce que nous comprenons et peu importe avec quelle conviction nous agissons à partir de ce que nous croyons comprendre, chaque fois que la piste de la réalité rattrape notre conception du monde et nous dirige ensuite vers "la zone de retrait des bagages", nous nous trouvons confrontés au fait indéniable que "les bagages avec lesquels nous sommes montés sont exactement les mêmes que ceux que nous retirons lorsque nous redescendons".

Quelle est donc la véritable teneur de "notre bagage" si notre comportement physique, motivé par le mental, ne parvient pas à avoir un véritable impact sur lui ? C'est une question qui mérite d'être posée.

Ainsi, compte tenu du fait que nous continuons sans cesse à faire tourner nos rouages mentaux sans pour autant arriver à quoi que ce soit, pourquoi retombons-nous à chaque fois dans cette même approche ? Pourquoi même croyons-nous que cette démarche fonctionne alors qu'elle n'a que rarement un impact durable et perceptible ?

C'est parce que lorsque nous voyageons à bord de la Compagnie Aérienne Mentale, nous nous sentons "planer si haut" que nous confondons à tort ce sentiment intense avec celui d'être "capable de" ou d'être "inspirés par ". En d'autres mots, quand nous entrons sur le plan mental par réaction face à une difficulté nous ressemblons à un junkie qui prend sa dose. Lorsque nous volons à haute altitude sur le plan mental, nous pouvons avoir l'impression d'éprouver une forme de soulagement temporaire ; cela nous donne le sentiment illusoire "d'avoir accédé à quelque chose" et c'est pourquoi nous agissons en nous basant sur ce sentiment illusoire de soulagement et de fausse mobilité en croyant que c'est judicieux. Cependant, ce sentiment ne repose que sur "le commode arrangement" d'avoir entreposé la plupart de "nos bagages" hors de notre vue dans "la soute à bagages", que nous appelons aussi "l'inconscient".

Pour entrer sur le plan mental et prendre notre envol, nous devons enregistrer la plus grande partie de nos bagages. Le fait de les enregistrer et donc de ne pas avoir à les trimballer avec nous, nous donne un sentiment de grande mobilité, de légèreté et de soulagement. Ce sentiment est illusoire ; ce n'est pas parce que nous ne sentons pas le poids des "bagages que nous transportons" lorsque nous sommes en vol que cela signifie qu'ils n'existent pas ! Ce faux sentiment d'apesanteur est toujours temporaire et toutes les décisions prises en fusionnant avec ce faux sentiment d'élévation ne sont pas fondées, quelle que soit leur "clarté" apparente sur le moment. C'est la situation délicate que nous connaissons lorsque nous vivons presque exclusivement sur le plan mental ; nous avons complètement oubliés la quantité de bagages que nous transportons avec nous et nous prenons des décisions basées sur une conscience engourdie.

A l'heure actuelle, tout autour de la planète, cette mentalité qui est d'aborder les défis de notre vie presque exclusivement à travers le mental nous a conduits à une situation d'urgence, et la seule façon d'intégrer cette situation est de s'éveiller et de la regarder en face ; de nous ancrer aussi rapidement et efficacement que possible en atterrissant et en sortant consciemment du plan mental pour entrer dans la résonance du cœur.

Si nous ne saisissons pas volontairement le manche pour nous ramener consciemment vers l'intérieur, les atterrissages forcés croissants dont nous sommes les témoins dans la vie de beaucoup d'êtres humains sur cette planète pourraient aussi nous arriver. Réaliser cet atterrissage et sortir du plan mental est simple :

Nous abordons consciemment la piste en nous y engageant et en faisant face délibérément à notre ombre ; en nous confrontant à ce que nous fuyons. En d'autres mots, ce que nous fuyons est ce qui nous permet d'atterrir.

Pour commencer notre approche de la piste d'atterrissage, nous avons besoin d'un couloir fiable qui nous permette de porter notre attention sur notre ombre, de nous engager vis-à-vis d'elle en l'attirant vers notre conscience. Une fois que nous sommes capables d'amener cette ombre plus intimement à notre conscience, nous commençons simultanément notre descente du plan mental et amorçons notre atterrissage dans la réalité "ici et maintenant".

Ici notre ombre représente la piste d'atterrissage. Nous l'empruntons donc en nous confrontons consciemment à ce que nous fuyons : nos incessantes et sous-jacentes expériences de mal-être qui nous engourdissent constamment. Le passage le plus direct qui nous mène à notre ombre est accessible à n'importe quel moment, par l'entremise de toute situation qui nous affecte, qu'elle se manifeste par une douleur physique, une confusion mentale, et/ou un déséquilibre émotionnel.

Le dénominateur commun des perturbations que nous rencontrons est l'inconfort ressenti. Instinctivement, lorsque nous sommes confrontés à quelque chose qui nous affecte, nous réagissons :

Par des états émotionnels.

En nourrissant des formes pensées ou des histoires.

En nous extériorisant à travers certains comportements physiques.

Que nous en soyons conscients ou pas, peu importe l'approche réactive que nous adoptons lorsque nous nous sentons affectés, lorsque nous sommes dans la réaction nous ne faisons qu'essayer d'endormir et de contrôler la perception de ce qui nous arrive. Toute tentative d'endormissement ou de contrôle face à ce qui nous affecte signifie "repousser l'ombre loin de nous", et notre attention est alors contrainte de remonter vers le plan mental. Plus nous repoussons l'expérience "d'être affecté", moins nous serons capables d'atterrir.

Il y a ici cependant une bénédiction : aussi efficace puisse sembler la façon dont nous utilisons ce qui nous affecte pour fuir la conscientisation de notre inconfort intérieur en remontant sur le plan mental, nous pouvons aussi l'utiliser consciemment tout aussi efficacement comme un passage qui nous permet de nous engager consciemment sur la piste d'atterrissage de la réalité : l'ici et maintenant.

Toute expérience qui nous affecte peut s'avérer être 'la configuration parfaite' pour embrasser plus profondément et intimement le moment présent. Afin de transformer ce à quoi nous nous confrontons et l'utiliser comme moyen de nous ancrer plutôt que 'devenir encore plus mental', nous pouvons appliquer une pratique très simple :

Au lieu de nous soumettre de manière inconsciente, impulsive et addictive à notre mode réactif inefficace, choisissons d'aborder et de faire face à notre ombre consciemment -- de nous engager volontairement dans la résonance de la signature émotionnelle qui circule et sous-tend toute circonstance qui nous affecte. Notre intention doit être d'y faire face consciemment puis de la bercer ; d'accepter que ce qui nous affecte nous "tire vers le bas". Bien sûr, cette façon de faire va à l'encontre de tout ce que nous avons appris sur 'comment réussir dans la vie' ! Qui pourrait penser qu'une perturbation puisse se produire dans le but de nous élever et qu'il nous faille accueillir délibérément qu'elle nous tire vers le bas ?

Si nous observons consciemment une expérience qui nous affecte, nous réalisons qu'il existe trois aspects distincts : physique, mental et émotionnel :

Les aspects physiques sont les circonstances ou la/les personnes qui ont déclenché la perturbation, ce peuvent être aussi les comportements que nous envisageons d'avoir en réaction à ce qu'il s'est passé.

L'aspect mental est l'histoire que nous nous racontons à nous-mêmes par rapport à ce qui s'est passé -- qui a fait quoi, pourquoi c'est arrivé et à qui revient la faute.

L'aspect émotionnel est ce que cette perturbation nous fait ressentir. Cela se manifeste sous la forme d'un sentiment d'inconfort, d'une émotion de peur, de colère, et/ou de chagrin, et également à travers une sensation physique correspondante enracinée dans notre corps.

Pour pouvoir sortir du plan mental et nous ancrer cela nous demande d'écarter les aspects mental et physique de ce qui nous a affectés tout en berçant consciemment l'aspect émotionnel. En d'autres mots, libérer notre attachement à la fois à l'histoire que nous nous racontons et du comportement que nous avons l'intention de rejouer, tout en maintenant simultanément notre attention sur le ressenti de l'expérience ; que nous percevions cette résonance comme étant de la peur, de la colère, et/ou de la douleur, ou comme un état physique merveilleux.

Voici un ensemble de consignes vous invitant à expérimenter consciemment l'ancrage dont nous parlons :

Rappelez-vous l'évènement le plus récent où vous vous êtes senti affecté. Observez la façon dont vous parcourez un couloir mental pour vous souvenir des détails autour de ce moment douloureux ; ce couloir va amener votre attention vers le moment déclencheur d'origine. C'est une façon d'utiliser le mental qui s'avère utile pour pouvoir déplacer votre attention d'un point à un autre – que ce point se déroule actuellement ou qu'il soit déjà passé. Pour aborder le passage vers de ce qui vous affecte, vous pouvez aussi choisir une expérience du passé qui n'a cessé d'empoisonner vos formes pensées jusqu'à présent. Vous constaterez que la conscience que vous avez de tout événement passé non-intégré diminue et semble disparaître complètement lorsque vous êtes occupé ou engagé dans les affaires courantes de votre vie, (c'est peut-être d'ailleurs la raison pour laquelle vous êtes si occupé à "faire" beaucoup de choses). Cependant, lorsque vous essayez de vous endormir le soir ou lorsque vous vous réveillez le matin, une résonance d'inquiétude se manifeste à nouveau régulièrement. Ce type de perturbation est mûr pour être cueilli. Quoi que ce soit qui vous affecte, que ce soit quelque chose de présent ou quelque chose du passé qui vous tenaille encore, c'est un passage.

Tandis que vous vous rappelez l'évènement qui vous a affecté, au lieu de vous engager dans l'aspect mental de l'expérience ou dans des réactions physiques qui pourraient vous venir à l'esprit, placez toute votre attention sur "le ressenti" qui l'accompagne. Notez où se situe ce sentiment d'inconfort dans votre corps sous forme de sensation physique. Peu importe comment vous nommez ce sentiment inconfortable, que ce soit peur, colère et/ou douleur. Votre seule tâche consiste à le sentir, et pendant que vous le ressentez, à observer où il se situe au niveau physique. Quel que soit l'état émotionnel inconfortable qui accompagne cette perturbation, il se reflète également par une sensation physique dans votre corps. Votre tâche est de placer votre attention sur cette sensation et de "la bercer". Comment ? Imaginez un instant la Madone et l'Enfant : Elle berce doucement le petit dans ses bras, sans bouger, sans essayer de changer ou d'analyser quoi que ce soit. Son unique intention est d'embrasser l'innocence qu'elle tient dans ses bras. Lorsque vous placez votre attention sur le sentiment inconfortable de ce qui vous affecte, bercez-le de cette façon ; dans cette pratique aucun mouvement physique n'est nécessaire, ni aucune participation mentale autre que d'utiliser le corps mental pour placer et maintenir toute votre attention dans votre corps physique sur le point particulier de votre inconfort émotionnel.

Pendant que vous bercez ce sentiment avec votre attention, gardez les yeux ouverts. Oui, ouverts. Ne fermez pas vos yeux pour vous échapper de la réalité physique extérieure du moment dans lequel vous vous trouvez. Le regard que vous placez sur cet inconfort intérieur, ce regard qui a la capacité de "ressentir" est le regard du cœur ; pendant que celui-ci est présent à votre sentiment intérieur, laissez vos yeux physiques ouverts, reposer dans le calme et embrasser doucement la présence du monde extérieur. Observez alors comment vous avez instinctivement envie de fermer les yeux et de disparaître. Il s'agit ici de la vieille habitude de "fuir mentalement" qui a souvent été déguisée en "pratique spirituelle". Ne partez pas, ne vous envolez pas, restez ici.

Maintenant, si vous le souhaitez, posez cet écrit et expérimentez cette pratique pendant quelques minutes et soyez-y attentifs intérieurement et extérieurement. Voici un bref résumé des consignes :

Rappelez-vous l'évènement le plus récent qui vous a affecté.

Pendant que vous vous remémorez ce moment, au lieu de poser votre attention sur l'aspect mental de l'expérience, ou sur les actions concrètes que vous pourriez prendre, placez toute votre attention sur le ressenti qui l'accompagne. Observez le point où ce sentiment se manifeste sous la forme d'une sensation physique dans votre corps. Bercez ce sentiment à cet endroit.

Pendant que vous bercez ce sentiment inconfortable avec votre attention, gardez les yeux ouverts. Observez simultanément votre sentiment intérieur et le monde extérieur.

Ne vous inquiétez pas si vous avez du mal à garder votre attention sur le ressenti de l'évènement qui vous a affecté. Rappelez-vous que le regard du cœur est faible car nous vivons sur une planète qui ne le développe pas consciemment ni n'apprécie ce qu'il est à même de nous montrer. Le regard du cœur s'ouvre naturellement lorsque nous l'utilisons à bon escient.

Lorsque nous abordons consciemment de cette manière quelque chose qui nous a affecté, en plaçant toute notre attention sur le ressenti de l'expérience plutôt que de nous échapper en l'intellectualisant ou en adoptant un comportement influencé par le mental, nous observons presque immédiatement que :

Nous commençons à nous sentir plus enracinés dans notre vie. Ceci est dû au fait que ces sentiments inconfortables nous font prendre conscience de façon directe de l'ombre que nous fuyons, et en attirant consciemment cette ombre vers nous, nous nous approchons de la piste de la réalité. Aborder l'expérience de l'ancrage peut nous être quelque chose de si étranger que pendant que nous sortons consciemment notre train d'atterrissage, nous pouvons éprouver un sentiment d'anxiété. C'est un peu comme le moment juste avant l'impact des roues d'un avion sur la piste, nous pouvons éprouver l'envie de nous "accrocher à" ou de "nous retenir". Cependant, dès l'instant où nous nous permettons de nous détendre dans la résonance inconfortable de ce qui nous a affecté, nous atterrissons de façon progressive et nous pouvons apprécier l'ancrage que nous apporte cette expérience -- un sentiment de soulagement, tout comme le moment où juste après avoir atterri sur la piste nous savons que nous retrouvons la terre en toute sécurité.

Une fois que nous prenons ancrage dans cet endroit de notre corps, nous pouvons observer qu'un mouvement énergétique commence à se faire au sein de cette sensation. Cet état émotionnel inconfortable qui est resté coincé, bloqué et s'est cristallisé dans notre corps physique, commence à se transformer. Il se transforme grâce à notre attention qui est l'outil de notre transformation. Ce mouvement intérieur est souvent vécu comme une montée d'énergie au niveau de la poitrine pouvant aboutir à une sensation d'explosion. Oui, alors que nous nous enfonçons dans cette énergie vers le bas, elle émerge vers le haut ! Qui aurait pu penser cela  ?

Extérieurement, nous pouvons aussi observer que plus nous nous ancrons dans notre ressenti intérieur, plus le monde qui nous entoure nous semble vivant, animé par une énergie vitale. L'expérience de notre présence ici sur Terre cesse de nous apparaître comme plate et inanimée, mais prend une forme teintée d'une aura énergétique. Ceci est dû au fait qu'en nous ancrant consciemment, nous parvenons à être plus pleinement dans le moment présent de notre expérience actuelle. Ce n'est que lorsque nous nous autorisons à nous engager entièrement dans le moment où nous nous trouvons que nous réalisons combien cette expérience terrestre est divine.

Mis à part ces changements immédiats, d'autres conséquences naturelles se déroulent aussi spontanément lorsque nous atterrissons et sortons du plan mental pour entrer dans la matière. Examinons-les à travers la métaphore de ce qui se déroule lorsqu'un avion atterrit dans un aéroport :

La communication est rétablie : presque immédiatement après avoir atterri sur la piste, une voix sortant des haut-parleurs annonce "Bienvenue à terre, vous pouvez maintenant utiliser vos téléphones mobiles." En d'autres mots, le résultat de notre ancrage est que la communication est rétablie dans notre vie et que nous sommes prêts pour recevoir de nouveaux aperçus." La difficulté de notre situation est que lorsque nous errons dans le labyrinthe mental nous ne sommes pas dans l'instant donc pas consciemment présents à ce que Dieu représente pour nous. Le pouvoir de la création réside dans le moment présent et non dans ce que nous pensons d'un moment donné que nous utilisons pour nous échapper. Pendant que nous voyageons sur le plan mental, nous sommes dans l'espace de nos formes-pensées et celles-ci peuvent nous amener n'importe où, au gré de nos choix. La vie est cependant une expérience réelle sur laquelle nous pouvons influer dans le moment présent de façon concrète et durable. Tel est le paradoxe de l'ombre : la chose même que nous cherchons à fuir est le passage vers ce à quoi nous aspirons vraiment.

Dès l'instant où nous commençons à accueillir et à bercer notre ombre consciemment, simultanément nous nous ancrons dans un espace où aucune difficulté n'est insurmontable. Une nouvelle vie naît de ce bercement et c'est alors que nous pouvons intégrer ce que le Dr Paul Bahder cite comme étant "la sortie de crise du Christ". Notre tâche consiste à bercer consciemment nos sentiments non-intégrés pendant quelques minutes chaque jour, environ le temps qu'il faut à un avion pour rouler le long de la piste d'atterrissage vers le terminal de l'aéroport. Ce simple ajustement de notre attention, appliqué quotidiennement au cœur de chaque situation qui nous affecte de façon soudaine, va automatiquement nous permettre de nous ancrer, nous redonner un nouvel aperçu et activer la résonance d'une renaissance miraculeuse au cœur de nos expériences.

Une fois que nous arrivons au bout de la piste, nous nous dirigeons vers "le terminal" : le fait que ce bâtiment de l'aéroport s'appelle "le terminal" est quelque peu humoristique. Nous savons tous ce que cela signifie lorsqu'on nous dit que quelqu'un est "en phase terminale d'une maladie" : son expérience actuelle est en train de "d'arriver à sa fin". Cette expérience terminale fait également partie du rite de passage de notre atterrissage et de notre sortie consciente du plan mental grâce à notre ancrage au cœur de la matière. Pour que nous puissions sortir de nos illusions mentales, un aspect de notre expérience doit mourir.

Cette "expérience de mort" se présente à nous de façon naturelle dans les jours et les semaines qui suivent l'application régulière de cette simple pratique quotidienne. Elle s'engouffre en nous régulièrement sans avertissement sous forme d'états physiques, mentaux et émotionnels profondément inconfortables. Il s'agit néanmoins essentiellement d'une mort émotionnelle ; de la mort de la façon dont une "énergie en mouvement" circulait de manière dysfonctionnelle ; il s'agit d'un ajustement réel et durable réalisé au point d'origine de la qualité de notre expérience.

Lorsque ces états extrêmement inconfortables nous impactent, nous nous replions dans l'inconscience ; nous luttons de façon réactive contre l'expérience en essayant désespérément et de toutes nos forces d'arrêter ce qui est en train de se passer. Par notre réactivité nous essayons d'échapper émotionnellement, mentalement et physiquement au face à face avec "le moissonneur du passé". Pendant cette expérience, nous nous sentons littéralement "en train de mourir", comme si "nous n'avons plus aucune raison de vivre", comme si "notre vie est finie", comme si "tout ce que nous pouvons faire est sans espoir", comme si "çà ne sert plus à rien" et comme si "nous sommes condamnés à jamais à ces sentiments d'obscurité, de tristesse et de malheur". Pourtant, dans un délai relativement court -- quelques heures ou parfois quelques jours en fonction de l'importance de l'énergie dysfonctionnelle à laquelle 'nous mourrons' -- cette mue passagère physique, mentale et émotionnelle prend fin et nous nous sentons plus conscients, inspirés, éveillés, et dans une profonde gratitude d'être en vie.

Une fois que sortis du plan mental nous nous ancrons et retrouvons le cours de notre vie, il n'est plus nécessaire de chercher à éviter ces expériences de mort ; elles sont tout à fait normales, naturelles et spontanées. Elles engendrent la vie. Nous les appelons "mourir tout en étant en vie". Elles sont le résultat d'avoir placé volontairement et régulièrement notre attention au cœur de nos inconforts émotionnels et d'avoir bercé nos expériences refoulées.
Lorsque nous nous autorisons à traverser ce rite de passage, il nous apparaît comme complètement évident que nous avons décollé sur le plan mental pour éviter ces expériences de mort. C'est précisément parce que notre culture actuelle a été endoctrinée jusqu'à croire que "la mort est notre ennemie" que nous avons réagi dans la terreur en essayant de nous barricader face à ces expériences. Dès l'enfance nous avons été amenés à croire par les empreintes qui ont été posées sur nous que "la mort est tabou", et nous l'avons donc fuie par nos pensées, nos pratiques spirituelles, nos organisations religieuses, nos philosophies complexes et nos systèmes psychologiques compliqués. Nous avons oublié que "rester présent consiste à constamment mourir à notre construction mentale du passé et de l'avenir". Nous avons oublié que la vie et la mort cohabitent dans la même réalité, que la vie jaillit de la mort et qu'une mort consciemment initiée et embrassée est un moment qui nous invite à la renaissance.

Cette expérience de mort qui se déroule de façon naturelle lorsque nous pénétrons au cœur de la matière n'est pas "une expérience spirituelle" car ce qu'aujourd'hui nous appelons "spiritualité" a été fabriqué dans la vaine tentative de l'éviter. Nos 'démarches spirituelles' nous promettent l'éternité où la mort ne peut nous toucher. Cette mort quotidienne que nous initions et accueillons en conscience lorsque nous nous confrontons à notre ombre est plus exactement "une expérience chamanique" ; et c'est cette expérience-même qui est rejetée lorsque les gens et les communautés sont dépassés, obscurcis et endoctrinés par la mentalité religieuse. Cette expérience de mort n'est pas Le Processus d'Ascension ; ce n'est pas une expérience mentale ou conceptuelle d'un culte métaphysique qui s'avère trop souvent n'être qu'une tentative voilée de s'élever vers Dieu comme "une voie échappatoire à la véritable condition de notre cœur" – en réaction à la réalité de la mort.

Cette mort que nous accueillons n'est pas une réaction face à la vie, mais une réponse directe, dans l'instant, à tout ce que Dieu représente pour nous. C'est un appel conscient invitant l'insondable obscurité de ce qui nous est inconnu et en constante évolution. En accueillant continuellement l'expérience de 'mourir au passé' nous plongeons profondément dans le vide, dans la nuit, dans l'inconnaissable et l'inconnu, dans ce qui nous est inconfortable et dans ce qui n'a pas encore pris forme. Cette mort c'est "s'enfoncer pour rejaillir" tout comme le Phénix surgit de ses cendres.

Cette expérience de mort était connue et honorée depuis longtemps, bien avant que la mentalité ecclésiastique en interdise les pratiques. Et, du fait que nous l'avons fuie dans la terreur, elle nous suit à présent jusque dans la vieillesse comme une ombre effrayante laissant dans son sillage des traînées sous forme de maladies, de mésaventures accidentelles inconscientes, de dépendances et de modes de vie qui parfois aboutissent à l'humiliation de la décadence et du désarroi. Plutôt que mourir quotidiennement, nous y résistons de toutes nos forces, laissant alors les choses devenir un énorme drame aboutissant tristement lorsque vient notre temps de quitter cette terre.

Cependant, lorsque nous faisons demi-tour consciemment et entrons délibérément dans notre cœur pour faire face à notre ombre, lorsque nous laissons régulièrement mourir en nous le passé -- physiquement, mentalement et émotionnellement --  c'est tout naturellement que nous nous éveillons à nouveau au cœur d'un ancien rite de passage chamanique qui nous permet d'expérimenter directement tout ce que Dieu représente pour nous ; la plénitude de l'instant présent. Nous découvrons ensuite que ces vagues de mort qui partagent l'océan de la vie avec nous sont une bénédiction ; qu'elles sont là pour nous montrer qu'il nous faut mourir régulièrement et consciemment pour pouvoir vivre pleinement. Ces vagues nous dépouillent du passé afin que chaque moment que nous abordons puisse être un temps de renouveau. Cette mort est le Christ à travers qui tout naît de nouveau. C'est l'expérience de la crucifixion qui a lieu avant toute ascension authentique. Elle n'appartient pas au Christianisme qui se l'est simplement appropriée et l'a malheureusement mal interprétée. Jésus, plus qu'autre chose, est un chaman.

En expérimentant l'étreinte de la mort comme faisant partie intégrante de la vie, nous découvrons que c'est parce que nous avons évité ces expériences de mort que nos cœurs se sont fermés et que nous avons désespérément recherché l'ascension à travers le mental. Pourtant, lorsque nous nous appuyons sur lui pour essayer de faire de chaque instant un temps de renouveau, la seule chose que fait le mental est de nous faire expérimenter l'existence face et inanimée de "la survie dans le royaume de l'Ennui" plutôt qu'une vie "dans le Royaume (de Dieu)".

Entrer dans "le terminal" après l'atterrissage et nous réveiller consciemment au sein de cette expérience de mort naturelle n'est pas agréable. Lorsque nous sommes dedans, c'est une horreur -- Après tout il s'agit quand même de mourir. Cà ne devrait pas avoir lieu ! – Mais quand nous arrêtons de fuir ce dépouillement de notre passé, quand nous cessons de résister à sa divine présence qui fait partie du mouvement des marées de la vie, nous pouvons percevoir le résultat indéniable de cet événement sur la qualité de notre vie. Celle-ci est alors divinement bénie dans une douce renaissance, encore et encore. En nous abandonnant consciemment à l'agonie de la mort, nous accueillons l'extase de la vie. Sans ces mues chamaniques régulières de notre psychisme, notre vie n'a aucune saveur et notre mort n'a aucun sens. Voici le Dharma (Essence) du Cœur Sacré.

Retrait des Bagages : 'sortir de notre expérience actuelle sur le plan mental pour atterrir au cœur de la matière' peut être visualisé de façon métaphorique comme "notre déplacement à travers le terminal'. Lorsque nous nous trouvons au cœur de ces expériences terminales et une fois que nous les avons traversées, nous recevons de profonds aperçus qui se manifestent sous forme de révélations intimes concernant notre expérience de vie personnelle et collective.

Au départ, ces révélations sont à l'image du "retrait de nos bagages" ; ce n'est que lorsque nous abordons une expérience terminale que nous pouvons récupérer nos bagages concrètement. Tant que nous sommes sur le plan mental, ils sont dans "la soute à bagages" - notre inconscience - et nous n'y avons pas accès. Nous pouvons y penser autant que nous le voulons, mais ils sont hors de notre portée. C'est pourquoi rien de réel ni de durable n'est accompli tant que nous essayons d'influer sur notre vie depuis les limites du plan mental. Pour créer un véritable impact durable sur notre vie, il nous faut aller retirer nos bagages et en assumer la responsabilité. La nature de "nos bagages" (ces aspects de notre passé non-intégré que nous transportons inconsciemment avec nous et qui influent sur le déroulement de notre expérience à chaque instant) est qu'ils sont enregistrés comme des résonances imprimées dans notre corps émotionnel. Ces résonances ressenties ne nous sont accessibles que lorsque nous entrons consciemment dans le cœur.

Ce n'est que lorsque nous en prenons la responsabilité, en allant les chercher, en les ressentant consciemment, que nous atteignons le point métaphorique de "quitter le bâtiment de l'aéroport avec nos bagages et retrouver le cours de notre vie". En d'autres mots, ce n'est qu'une fois que nous avons intégré les résonances inconfortables de notre passé non-résolu en les ressentant pleinement, en mourant à ces résonances consciemment, que nous sommes en mesure d'utiliser notre capacité à ressentir pour expérimenter pleinement les résonances qui nous enveloppent constamment dans le moment présent.

Le miracle dans tout cela, c'est que lorsque nous sommes attentifs à notre responsabilité, lorsque nous faisons face à notre ombre volontairement, régulièrement et consciemment, tout se déroule de façon naturelle. C'est comme le jardinage ; quand on arrose une plante, la plante pousse. Nous n'avons pas à la faire pousser, ni à comprendre comment elle pousse ; il nous suffit de l'arroser. "L'arrosage du jardin de notre cœur" est la pratique quotidienne de placer régulièrement notre attention sur la résonance inconfortable de ce qui nous affecte et n'est pas intégré. Quand nous devenons responsables de notre cœur, tout nous est donné par surcroît.

À l'heure actuelle, l'ancrage de nos expériences au cœur de la matière est notre responsabilité première. Soit nous le faisons consciemment, soit nous restons inconscients et nous expérimenterons un atterrissage forcé. Soit nous soufflons le chaud (en vivant passionnément) soit nous soufflons le froid (en mourant consciemment) ; mais rester tiède (en vivant inconsciemment) c'est chercher à être vomis. (Ndt : l'auteur se réfère à Apocalypse 3.15-16)

Activer un mouvement réel et durable : N'ayant pas pris soin de notre responsabilité première, nous avons à tort essayé d'ajuster mentalement nos sentiments de frustration, d'irritation et de blocage et par conséquence agi en nous appuyant sur des histoires sans fondement concoctées dans notre labyrinthe mental ; de ce fait nous n'avons cessé d'expérimenter des entraves dans de nombreux aspects de notre vie.

Lorsque nous prenons régulièrement le temps d'être présent à notre ombre, de la faire remonter à notre conscience autant que nous en sommes capables grâce à notre perception, nous ressentons immédiatement un mouvement énergétique intérieur se déployer naturellement. Celui-ci se reflète ensuite en un mouvement extérieur dans divers aspects de notre vie où nous nous sommes si longtemps sentis paralysés. Ce n'est qu'en expérimentant cette pratique et en percevant ses résultats que nous réalisons qu'essayer d'amorcer un changement en 'planant dans le mental' est totalement inefficace et n'est qu'une manipulation des effets pour essayer d'influer sur les causes. Voici le miracle du cœur : Lorsque le cœur s'émeut, le monde extérieur se meut à son tour en retour. Cependant, si nous n'en prenons pas conscience, nous finissons par astiquer le miroir en essayant de changer la nature du reflet qu'il nous renvoie (mental).

Amoindrir le drame : lorsque nous abordons consciemment et RÉGULIEREMENT notre cœur de cette façon, lorsque nous nous engageons envers lui et l'honorons comme le point d'origine de la qualité de notre expérience, il ne lui est plus nécessaire d'essayer d'attirer notre attention en créant des drames extérieurs inattendus. Plus nous embrassons le Dharma (Essence) du cœur, moins nous manifestons des drames inconscients au sein de notre expérience sur cette terre.


JARDINER NOTRE CŒUR

Il ne tient qu'à nous d'expérimenter les résultats du jardinage conscient de notre cœur. Ce n'est pas en restant assis dans notre siège au milieu du labyrinthe mental en cherchant à "comprendre" que nous pouvons être prêts à assumer cette responsabilité.

Le cœur ne peut être 'compris' ; nous devons nous engager envers lui et ce n'est qu'alors que nous pouvons expérimenter le mariage céleste.

La pratique suivante est simple, lorsque nous l'appliquons régulièrement elle nous montre à travers notre expérience personnelle que tous les fruits d'une vie joyeuse, saine et abondante sont ensemencés, cultivés et récoltés dans le jardin du cœur. C'est aussi dans le jardin du cœur que nous nous éveillons à l'expérience de la mort consciente qui nous offre les fruits d'une renaissance éternelle. En étant présent régulièrement et quotidiennement au jardin de notre cœur, nous expérimentons le miracle. Il nous révèle ce que signifie vraiment "aimer et prendre soin de nous-même" ; d'être présent à nous-même, quoiqu'il advienne. Pour initier cette rencontre avec le cœur, il nous est conseillé d'être présent à notre jardin pendant quelques minutes au début et à la fin de chaque journée, et également lorsque quelque chose  nous affecte de manière inattendue. C'est aussi simple que cela :

Asseyons-nous confortablement dans un endroit tranquille où nous ne serons pas dérangés. (Eteignons nos téléphones portables si nous désirons faire cette pratique de façon authentique, sinon c'est comme si nous la faisions parce que nous n'avons rien de mieux à faire.)

Rappelons-nous de quelque chose qui nous a affectés, que ce soit quelque chose qui s'est passé récemment ou qui est actuellement en train d'empoisonner notre vie -- physiquement, mentalement ou émotionnellement.

   Laissons tomber l'histoire et les détails qui l'entourent et plaçons plutôt toute notre attention sur ce que nous ressentons à ce sujet.

    Recherchons dans notre corps où se situe cet inconfort puis portons notre attention sur ce point et "berçons-le".

   Tout en posant les yeux de notre cœur sur ce ressenti inconfortable dans notre corps, gardons nos yeux ouverts en observant le monde qui nous entoure de façon détendue.

    Observons la façon dont notre ressenti intérieur se déplace et simultanément comment le monde extérieur est de plus en plus présent.

   Lorsque nous repartons sur le plan mental, ramenons doucement notre attention sur notre ressenti physique intérieur et simultanément sur la présence du monde extérieur.

    Berçons cette expérience aussi longtemps que cela nous semble nécessaire.

REMARQUE : Si nous n'avons pas de perturbation particulière sur laquelle travailler, abordons la pratique en plaçant et en maintenant consciemment notre attention au centre de notre poitrine en suivant les consignes ci-dessus jusqu'à ce que nous nous sentions unifié. Cette pratique régulière est toute aussi puissante lorsque nous abordons "l'expérience de la mort"  - elle invite la bénédiction de la renaissance dans tous les aspects non-intégrés de notre vie.

Grâce à cette pratique, nous découvrons finalement que les sensations d'inconfort qui sous-tendent nos perturbations non-intégrées sont progressivement assimilées et remplacées par la tranquillité, le silence et un sentiment d'équilibre et de paix dans le cœur. Au fil du temps, ces sentiments d'équilibre et de paix rayonnent spontanément dans nos pensées et nous sont reflétées en retour par nos circonstances extérieures.

Faire face quotidiennement et régulièrement à notre ombre nous permet de nous ancrer et commencer à diminuer notre addiction à la fuite sur le plan mental et ainsi pouvoir créer un changement dans la qualité de notre vie. En étant présent au jardin de notre cœur, en l'arrosant, en le désherbant et en le fertilisant, nous découvrons en le berçant ainsi avec attention que des voiles imperceptibles se lèvent progressivement, nous révélant la profondeur et le potentiel immense des expériences qui sont à notre disposition à chaque instant. En étant ainsi présent à notre cœur, les enseignements que nous recevons par l'entremise de révélations intérieures nous libèrent de notre tendance à "suivre les autres", à errer à travers des labyrinthes de concepts spirituels sans fin, et de "la démangeaison des chercheurs" qui n'est jamais soulagée. Cette pratique nous libère progressivement de "l'illusion spirituelle" ou de "la spiritualité maladive" comme la nomme avec justesse Adyashanti.

Tandis que nous nous familiarisons avec "l'expérience de la mort" et que nous nous soumettons à la compagnie de la divine présence au sein des courants sans cesse changeants de notre vie, nous renaissons, encore, et encore, et encore. Cette renaissance nourrit en nous une profonde prise de conscience de ce que signifie "vivre pleinement dans le rayonnement de l'instant présent".

Aborder la vie plus pleinement en entrant consciemment et régulièrement dans le cœur, c'est aussi simple que cela. Mais recevoir pleinement la révélation du simple enseignement partagé ici nécessite d'expérimenter l'entrée "au cœur de la matière" comme une façon d'être dans ce monde et non comme "quelque chose que nous devons faire pour en finir au plus vite pour pouvoir passer à autre chose". Cet enseignement et les conséquences qu'il initie sont le Dharma (essence) du Cœur Sacré.

"Il ne s'agit pas de se sentir mieux - il s'agit de mieux savoir sentir"

MICHAEL BROWN ©
cv8vd

Traduction française : P.Linda Steketee

9 commentaires:

M.A a dit…

Bonjour et Merci pour Vos messages et traductions.
J'ai une question : prise ds mon mental , qui comprend de moins en moins, comment "berçer "intérieurement, sans berçer avec le corps (mvt) tout en regardant l'environnement?
Estce un travail de concentration mentale ?
Le mien, trop fatigué ? n'y parvient pas ?
MERCI encore pour Votre TravailLumière et pour Votre éventuelle réponse.
M.A

Pascale-Linda a dit…

Bonjour M.A. Ce n'est absolument pas et surtout pas un "travail mental", il s'agit juste de vous mettre en contact avec votre ressenti/vos ressentis...les accueillir quels qu'ils soient sans chercher à les fuir. Il ne s'agit donc pas de "bercer le corps" par un mouvement physique extérieur (bien que... si vous en ressentez le besoin faites-le ! ..) mais d'observer à l'intérieur de vous, jusque dans votre corps où se localise ce qui vous affecte -- ou continue de vous affecter -- et d'y apporter votre INTENTION bienveillante. Il n'y a donc aucune "destination" à atteindre, rien à quoi il faille "parvenir", mais seulement à Etre Présent à Tout ce qui se manifeste, ici et maintenant ; dans le cas de cet exercice en gardant les yeux ouverts pour ne pas s'évader dans d'autres sphères.
Merci pour votre présence sur "Passage et Emergence" et pour votre retour chaleureux concernant mes traductions. Linda

Anonyme a dit…

Bonjour et merci Linda pour ce travail de traduction c'est précieux de trouver cela sur son chemin .
MB parle de l'attention et non intention, ça change le sens il me semble.
merci encore
:)
Bruno

Pascale-Linda a dit…

Bonsoir Bruno, non cela ne change pas le sens car notre Intention sous-tend la façon dont nous allons poser notre Attention. Les deux sont intimement liées et il est vrai que dans ma réponse à M.A.j'ai davantage ressenti de souligner l'importance de l'Intention. merci à vous aussi pour votre retour pour les traductions, j'apprécie sincèrement...Best, Linda

Anonyme a dit…

Désolé je croyais que c'était involontaire...mais finalement c'est très vrai !
B

Pascale-Linda a dit…

Pas à être 'désolé' Bruno :-)

Anonyme a dit…

Bonsoir,
M. Brown dans le texte dit, je cite :
Nous nous laissons influencer par la notion insensée :"la pensée crée".
Ma question est : sommes nous réellement créateurs et qu'est ce qui crée en nous si ce n'est pas la pensée?
S'explique t-il sur ce point dans un autre texte ?
Merci pour votre réponse.

Pascale-Linda a dit…

Bonjour, lorsque l'auteur fait référence ici à 'la pensée' il me semble que nous devons l'entendre par 'pensée mentale', signifiant donc que ce n'est pas à travers les histoires mentales que nous nous racontons que nous pouvons créer.
"Sommes-nous réellement créateurs ?", personnellement je vous répondrai un grand OUI mais il revient à chacun de nous de répondre dans notre intimité à cette interrogation et d'en faire l'expérience.
"Qu'est-ce qui crée en nous ?" je vous suggérerai de lire l'article de Michael Brown : 'Naviguer au cœur de nos expériences', ou de tout simplement expérimenter "Le Processus de la Présence" (Ed. Ariane)
Meilleures 'pensées'… :-)

Anonyme a dit…

Oui merci votre réponse m'éclaire et me parle J'ai lu l'article aussi, mais je ne maîtrise pas bien le pilotage de mes expériences (rires), j'ai envie d'apprendre et de m'exercer.
Et j'ai bien sûr expérimenté le Processus de la Présence. A ce sujet il est recommandé de faire (10 semaines + pause) x 3 et ensuite de renouveler 3 fois ce cursus.
Ai-je bien compris ?
j'ai fait 1 fois le cursus et après une bonne année,là je le renouvelle depuis juillet, je dois dire que la 2ème fois est moins douce et je cherchais des outils pour faire face à mon mal être. La technique du bercement est très efficace. Je ne me lasse pas de relire les articles et le livre car à chaque fois je découvre qq chose de nouveau.
Bien à vous e au plaisir d'échanger.
C.